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dimanche 2 août 2009

Auroville, La cité de l'Aurore


Auroville (ORTF - 26/02/1973 - 01h18m42s - voir le film Archive INA)

(La cité de l'Aurore) est située près de Pondichéry dans le Tamil Nadu en Inde du sud. Cette ville, bâtie sur 20 km2, a été créée par Mirra ALFASSA , plus connue sous le nom de "La Mère", et Sri AUROBINDO, penseur indien de "l'homme nouveau". Auroville repose sur une vie communautaire "universelle", où tout le monde apprendrait à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités. Le projet vise à la création d'un homme nouveau.
Des images de Auroville, commentées en off par Jean Pierre ELKABBACH, alternent avec des interviews menées par le journaliste des habitants de la Cité, allant des concepteurs aux simples habitants.

Auroville in english.

Auroville (City of Dawn ) is an experimental township near Puducherry in South India , whose stated purpose is to realize human unity in diversity.
It is a popular tourist destination, and has been described as a "New Age metropolis conceived as an alternative exercise in ecological and spiritual living.
" The township starkly stands out from the surrounding traditional Indian villages and farms. This film questions all those who are still dreaming of
building a better world and inventing a new way of living.



AUROVILLE
La ville dont la terre a besoin
Documentaire de 57 mn
de
Guillaume ESTIVIE

SYNOPSIS

Depuis toujours, l’homme rêve de construire un monde meilleur, d’inventer une autre manière de vivre grâce à laquelle il pourrait s’affranchir du racisme, de la religion, de la politique, de la pollution, et surtout de l’argent.
Mais existe-t-il encore des hommes qui croient en ce rêve impossible ?
La réponse se trouve à Auroville, au Sud-est de l’Inde. C’est ici, que des hommes et des femmes venus du monde entier se sont rassemblés dès la fin des années 60, pour tenter cette expérience. Ils sont aujourd’hui 1800 auroviliens, de 40 nationalités différentes, à espérer l’impensable, pour eux, l’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain.
Récit d’un parcours à travers « la ville dont la Terre a besoin », le film lève le voile sur cette cité fascinante,dont les habitants nous déroutent autant qu’ils nous ressemblent.



PRÉSENTATION DU PROJET

Le rêve

Auroville, «la ville dont la Terre a besoin». C’est ainsi que ses initiateurs, fondateurs et acteurs présentent ce lieu où doit se développer un environnement harmonieux par la réalisation de projets utiles à la société, où hommes et femmes apprennent à vivre en paix, au-delà de toute croyance, opinion politique et nationalité.

Ce projet est né de la pensée de Sri Aurobindo qui qualifiait l’homme d’ «être de transition», donc imparfait. Il développa l’idée que pour atteindre le stade absolu de l’évolution de l’être humain, l’homme «supramental», le Divin devrait se matérialiser sur Terre et ce à l’aide d’un Yoga Intégral.
La Mère, poursuivit son projet en fondant Auroville, où hommes et femmes de bonne volonté seraient
les bienvenus pour participer à l’expérience en pratiquant ce Yoga.



La Mère
Sri Aurobindo
C’est ainsi que le 28 février 1968, une poignée de terre provenant de chaque état indien, et de 175 pays du monde fut placée dans une urne de marbre représentant la naissance d’une cité internationale qui se propose de regrouper un jour 50.000 habitants, dévoués à l'intégrité et à l’unité humaine.

Urne de marbre
Le texte fondateur
A cette époque, des pionniers décidèrent de s’y installer, au milieu d’un désert de latérite rouge. Il a donc fallu tout recommencer à zéro, fabriquer des puits pour l’eau, mettre en place des potagers, des cabanes,…bref, le strict nécessaire pour vivre.
Arrivée d’un pionnier.
Les 1 er Aurovilliens.
Puis, au fil des années, Auroville s’est agrandi, non sans traverser de nombreuses périodes de difficultés et de doutes, en conservant cette ferveur qui anime ses habitants qui ont fêté en 2004 les 36 ans d’existence de cette expérience sociale et spirituelle hors du commun : l’utopie de réaliser l’unité humaine.

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Auroville en 1968


Auroville et moi

Depuis que je connais Auroville, la cité m’a toujours intrigué par sa raison d’être. L’idée que des gens ne croient plus en l’avenir de l’Humanité et décident de rejoindre une communauté servant de laboratoire de recherche à son évolution, m’a poussé à vouloir en savoir plus.
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Rassemblement Aurovillien
Paysage Aurovillien
J’ai donc profité de l’opportunité de partir en Inde pour tourner des images de repérage en vue de la réalisation d’un documentaire. Mais mon acceptation par les habitants a été un travail de longue haleine car conscients de l’originalité de leur démarche, ils craignent que leur projet soit mal perçu par le monde occidental beaucoup plus rationnel. Au fil des années, les Aurovilliens ont développé une certaine méfiance vis-à-vis des médias qui ont tendance à n’aborder que les aspects extérieurs de la cité.

Pour ma part, avant de pouvoir filmer, il a fallu que j’obtienne une autorisation de la part du service qui s’occupe des relations entre Auroville et l’extérieur. Cette autorisation est parue dans le journal d’Auroville, afin d’informer la population sur les raisons de ma présence.

Petit à petit, me voyant évoluer dans l’aventure, certains m’ont accordé leur confiance et se sont livrés à la caméra en toute honnêteté. C’est pourquoi j’aimerais «profiter» de cette confiance dont je bénéficie désormais afin de réaliser ce documentaire sur ces hommes et ces femmes dans leur recherche d’utopie.
Auroviliens au travail
Au cours de l’année 2004 je suis resté 3 mois à Auroville mais les 2 premiers mois m’ont été nécessaires pour m’intégrer à la communauté, obtenir l’autorisation de filmer, comprendre le projet dans sa globalité, et surtout faire connaissance avec les futurs personnages du film, processus qui demande beaucoup de temps .
En effet, l’une des particularités d’Auroville est que la cité est composée d’une extraordinaire diversité de personnes. J’ai donc décidé de mener ma vie là-bas sans me soucier du documentaire mais de vivre comme un individu quelconque. Ce n’est qu’au bout de 2 mois que j’ai commencé à filmer les gens que j’avais rencontrés naturellement et qui m’ont apparu les plus intéressants. Voilà comment s’est déroulé mon séjour à Auroville, qui m’a donc permis d’effectuer mes repérages, mais également d’exposer mon projet aux intéressés, les Aurovilliens.

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Auroville-city


NOTE D'INTENTION

Aujourd’hui, on peut dire que le rêve est devenu «réalité utopique». J’utilise cette expression contradictoire car elle exprime tout le sens qu’Auroville possède aujourd’hui avec ses nombreux paradoxes.

En effet, l’idéal est très loin d’être achevé puisque son but est d’y représenter tous les problèmes que rencontre l’être humain afin de les résoudre, projet qui peut paraître utopique au premier abord. Mais comme le disent les Aurovilliens, «l’utopie d’aujourd’hui est la réalité de demain», ce qui a déjà pu se vérifier tout au long de l’évolution de l’Humanité. Et l’histoire de la conception de la Cité idéale, ou utopique, nous montre que celle-ci a stimulé la naissance de solutions pratiques ou de modèles pour résoudre des problèmes existants, afin de créer une ville compétente, éducative, habitable, sûre, sociable et durable pour notre époque.

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Un apprenti
Le biogaz



Eolienne
Car l’utopie, du fait qu’elle soit irréalisable selon son étymologie, invite d’autant plus à sa concrétisation. Et c’est cette tentative que l’on peut observer là-bas, ce besoin d’idéal qu’éprouve l’homme et que les Aurovilliens ont décidé de tenter d’approcher, qui m’a attiré et qui m’a poussé à essayer de comprendre pourquoi et comment ces gens venus du monde entier ont renoncé à la fatalité en participant à cette aventure.

La finalité du documentaire sera de comprendre pourquoi ces gens venus du monde entier éprouvent ce besoin d’idéal et comment ils tentent de concrétiser l’utopie au quotidien, et ce d’une façon différente puisque chacun des personnages possède une histoire, une fonction et un but, propres à lui-même.

Chacun y met du sien selon ses aspirations, ses capacités, ses opportunités. Pour ce faire, j’espère réussir à m’immiscer dans leur vie intime, afin de connaître réellement leur état d’esprit et jouer en quelque sorte le rôle de confident…

Energie solaire
Solar bowl
Je pense que ce n’est certainement pas la solution à tous les maux de cette planète mais l’expérience est louable et nécessaire afin de s’en approcher.

Aujourd’hui, je veux réaliser ce documentaire pour donner la parole aux protagonistes de ce rêve, aux personnes qui participent à l’aventure. Je veux mettre en lumière ces hommes et ces femmes qui se cachent habituellement derrière le projet «Auroville» dans sa globalité, sans évoquer leur quotidien, leurs envies, leurs espoirs ou leurs craintes.

J’aimerais montrer que dans l’ombre d’Auroville et de son projet d’amener l’Humanité vers une société meilleure, il existe des personnes comme vous et moi qui vivent, qui travaillent, et qui se consacrent à cet idéal.

Le film tentera de dégager ce sentiment de non-fatalisme, l’idée que chacun peut participer à sa manière à une évolution de la planète plus humaine, ce qui est absolument nécessaire ; à tel point qu’une poignée d’individus, persuadée que la Terre et ses habitants ne sont pas condamnés à la folie autodestructrice de l’homme, travaille à cet idéal dans une aventure que soutient entre autres l’UNESCO ainsi que le gouvernement indien.
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Pavillons aurovilliens
Le parti pris de la réalisation du film ne sera pas d’analyser en profondeur les rouages de cette nouvelle société, mais d’aborder les domaines principaux auxquels s’intéressent les Aurovilliens, tels que l’éducation, l’aménagement du territoire, la recherche scientifique, la relation avec les villages, l’Unité humaine, l’écologie, la spiritualité, ou encore l’organisation.

Par exemple, celle-ci pourra être suggérée sans pour autant s’intéresser à la hiérarchie ou au budget d’Auroville. Car pour moi, au-delà du projet destiné à révolutionner notre mode de vie dans le futur, l’aventure est surtout humaine.

La vie là-bas sera racontée à travers les portraits de ces personnages (interviews en français et en anglais) qui écrivent leur histoire aurovillienne d’une façon différente puisque chacun accomplit une tâche correspondant à ce qu’ils cherchent là-bas.

Le récit sera vivant et rythmé par l’alternance de ces personnages se répondant les uns les autres en exposant chacun son histoire, sa vision d’Auroville. Ce panel de points de vue différents apportera une certaine nuance au documentaire : un chassé-croisé de personnages qui incarneront l’esprit d’Auroville et ses paradoxes, l’unité dans la diversité…

samedi 1 août 2009

Auroville, réussite ou faillite d'une utopie?



 Film :  Auroville, histoire d'une utopie



free download




« Le Débat »  – Auroville – La route des Utopies

Pour cette rentrée 2008-2009, de nouvelles thématiques ont vu le jour, notamment, celle de "l'utopie et de la réalité". C'est dans le cadre de ce sujet qu'il m'a paru intéressant de faire un article sur une utopie, ou une tentative d'utopie, qui m'a beaucoup intéressée ces derniers temps. Cette "utopie en cours" gagnerait à être mieux connue, d'autant plus qu'elle fut en partie réalisée par des français de la période mai 68. Elle se situe en Inde, près de Pondichery et a pour nom: Auroville.

Finalement, ça peut paraître prétencieux de discerter sur une communauté dans laquelle on n'a jamais vécu. Mais je vais tenter du mieux que je peux à partir de la documentation que j'ai trouvée.


Auroville est donc une cité fondée en 1968 à partir des enseignements d'un homme du nom de Sri Aurobindo. Ce dernier fut considéré à son époque comme un sage en même temps qu'un réformateur politique. ll milita activement pour l'indépendance de l'Inde. Cette citée-communauté est censé être la concrétisation de l'unité humain, une cité ou coexisterait le spirituel et le matériel, une citée universelle, antichambre de la société future ou l'homme pourrait enfin cohabiter harmonieusement avec lui-même... Le caractère universaliste d'Auroville s'est affirmé dès sa naissance en déposant dans l'urne, au centre de la future cité, la terre de plus de 124 nations, symbole de réconciliation, d'espoir et d'unité.



A droite: Sri Aurobindo. Il fut une figure majeure du nationalisme indien dans les années 50-60. Ce n'est qu'après son désabusement de la politique et ses incarcérations successives qu'il se consacra entièrement au yoga. Il a mené une vie d'ascète pendant 25 ans pour se consacrer à son "Yoga intégral", sorte de rénnovation universaliste du yoga et qui reconsidère le lien entre l'homme et le divin

A gauche: Mira Alfassa, française et compagne de Sri Aurobindo, plus connue sous le nom de "la Mère". Elle fut la véritable initiatrice de ce projet. Elle fut également, suite à la mort de son compagnon, à l'origine de l'Ashram de Sri aurobindo d'ou serait parti Auroville et d'ou l'on recevait les enseignements du maître « Il doit exister sur terre un endroit inaliénable, un endroit qui n’appartiendrait à aucune nation, un lieu où tous les êtres de bonne volonté sincères dans leurs aspirations, pourraient vivre librement comme citoyens du Monde ». Ainsi se montre dès le début le caractère hybride et multiculturel d'Auroville.





Voici une maquette d'Auroville telle qu'elle devrait être. Comme vous pouvez le constater, la forme globale évoque une galaxie qui converge vers le centre de la citée, surplombé par le Matrimandir. Chaque branche de la galaxie représente un secteur spécifique d'Auroville, des activités industrielles, artisanales ou des zones d'habitats. on peut constater avec Google Earth que cette architecture n'a pas abouti. De plus, la croissance d'Auroville est plutôt ralentie. Elle qui prévoyait d'héberger 50 000 habitants, en héberge aujourd'hui 2000...



Le Matrimandir est le centre névralgique d'Auroville. contrairement à beaucoup de temples hindous, celui d'Auroville est ouvert aux touristes. C'est l'endroit ou les Aurovilliens viennent se resourcer librement...

Il existe également tout un programme d'éducation pour les habitants aurovilliens. Les enfants deviennent ainsi polyglotte dès le plus jeune âge. Elle se veut une "éducation intégrale" qui développe toutes les dimensions de l'être. Aujourd'hui, l'enseignement s'est orienté d'une manière plus pragmatique, de sorte que ces petits Aurovilliens puissent également s'intégrer à l'extérieur.


Aujourd'hui, Auroville constitue une citée de plusieurs dizaines de nations; Tel un laboratoire d'expérimentation, elle tente de trouver des innovations et développe des projets dans divers domaines tels les énergies renouvelables, le tout dans une logique de développement durable; Tout semble possible: activité artistique, bénévolat pour la construction de nouvelles infrastructures, méditation ect...


(A Aurovile, un arbre géant dont les lianes se sont enracinées et ont elles-même formé des troncs)

Mais tentons maintenant de scruter auroville au-delà de sa vitrine d'exposition:

J'ai une copine dans mon entourage qui est allé régulièrement en Inde et qui a fait un bref détour par Auroville. Elle n'y est resté que brièvement mais finalement, elle n'en retient pas grand chose. De mes souvenirs, Auroville lui paraissait être une sorte de concentrés de bobos 68tards. De plus, parce qu'elle est une utopie, elle diffère de la vie quotidienne des indiens et c'est sans doute pour ça qu'elle semble ne pas être pris au sérieux par ces derniers, embourbés dans la dureté de la vie. Auroville semble comme en déphasage, mise sous une cloche...

De plus, la mère de mon meilleur amis a quelques membres de sa famille qui ont eu des liens dans le passé, non pas avec Auroville mais avec l'ashram de "la mère"; Elle a donc une certaine idée de ce qui a pu se passer, notamment du conflit qui s'est tramé entre l'ashram et l'auroville naissante. L'ashram souhaitait avoir un rôle dans l'orientation de l'auroville future mais l'endroit s'est finalement autonomisé.

La plupart des blogs que j'ai visité ont donné une vision d'Auroville mitigée... Des bruits courent que des enfants élevés à l'aurovillienne depuis la naissance se droguent. De plus, les indiens qui vivant dans la région n'apprécient pas l'endroit car ils semblent être utilisés par les aurovilliens comme la sous-traitants, autrement dit, pour effectuer les tâches ingrates. Ainsi s'opérerait subrepticement une sorte de nouvelle hiérarchie entre des occidentaux pratiquant le coucouning et les indigènes qui triment...

Côté spirituel, Auroville semble une sorte de zone new-age assez fatra ou chacun fait un peu ce qu'il a envie; Le matrimandir est là pour que chacun, s'il le souhaite se ressource dans un espace silencieux; Des cours de yoga, de Tai-chi, des pratiques artistiques ainsi que des massages sont proposés mais l'ensemble fait finalement assez "club med". Et pour survivre, la citée doit vendre beaucoup de camelotes de toutes sortes ce qui ternit le côté "spirituel" de la chose.


Au pire, Auroville se révèle aux premiers abords être une sorte de village-vacance surrané, un no man's land pour occidentaux en mal d'exotisme. Cela ne fait finalement de mal à personne mais peut-on dire que c'est une utopie si on retrouve les mêmes dérives qu'ailleurs. D'autres parlent d'une véritable omerta sur certaines pratiques qui existent à auroville, notamment du point de vue immobilier.



On se retrouve donc face à un dillème:
- Si l'on veut construire une utopie sur des fondations solides comme le phalanstère, il semble nécéssaire de pouvoir se retrancher de la réalité extérieure pour mieux préserver les fruits du projet que l'on veut mener à terme. Cela pourra apparaître, aux yeux de certains, comme une forme de repli sectaire mais bâtir une utopie amène inévitablement à un déracinement de la société ambiante vers quelque chose de nouveau.

- Si l'utopie est en système ouvert, elle se retrouve alors avec des générations de nouveaux individus qui arrivent et qui se retrouvent en déphasage, parfois même en concurrence avec les premiers pionniers. Et c'est, je crois, ce qui s'est passé à Auroville. Il paraît en effet difficile de maintenir une utopie selon une ligne directrice, surtout si ce sont toutes les nations de la planète qui y participe. Et l'utopie de départ peut littéralement s'enliser suivant les désirs capricieux de chacun...

Dans le domaine utopique, il semble exister une sorte de tension entre 2 tendances: celle de vouloir changer l'homme et celle de changer son environnement. Les utopies totalitaires sont facilement tentés par le fait de refasçonner l'homme jusque dans ses fondations pour que l'individu, le parti, l'état et la vie dans son ensemble fusionnent dans une sorte de tout cohérent. D'autres démarches comme celle du Corbusier consiste à vouloir changer la vie humaine par de nouveaux rapports sociaux induits par une architecture moins individualiste et plus communautaire. Auroville semble être une sorte d'hybridation totale entre les 2 démarches à tel point que l'on ne sait plus trop ou l'on en est...


La conclusion peut sembler sévère mais il me semble que l'on a un devoir de réalisme face à des utopies aux objectifs aussi démesurés et prétencieux. Auroville, bien que cautionné et parrainé par de prestigieux organismes internationaux comme l'UNESCO, semble être fortement dépendant des capitaux européens et nord-américains; Les problèmes de financement et le manque main d'oeuvre semble expliquer l'avancée ralentie de certaines constructions ainsi que le phénomène de "sous-traitance" perçu par les indiens de Pondichery.

De plus, on trouve une foisonnante architecture allant du rudimentaire au plus baroque et qui, quelque part, témoignage du manque d'unité d'Auroville. Les riches qui s'installent et fabriquent leur fantasme urbanistique est en contradiction flagrante avec l'idéal de vie simple et harmonieuse aurovillienne. Bien qu'il n'y a pas de monnaie, il faut de fait, avoir les moyens de s'installer et cela passe par une sorte de permis probatoire ou l'on doit faire ses preuves pendant 2 ans pour la communauté



Il faut cependant reconnaître une incroyable prouesse aux pionniers aurovilliens: celle d'avoir transformé une zone désertique et aride en une immense zonne boisée par la plantation de plus de 2 millions d'arbre... Il suffit de trouver des images ça et là ou même aller sur google oearth pour constater la transformation qui s'est opéré, donnant à l'environnement aurovillien une allure de paradis tropical abritant toutes sortes d'espèces.

Auroville pose la question de la réelle pertinence d'une utopie soumise aux contingences du réel tel qu'il est. Après plus de 40 ans d'existence, il est raisonnable d'en tirer un bilan et de se demander ce que l'on peut tirer d'utopies de ce genre. Le projet originel semble de plus en plus lointain et les habitants s'activent, comme dans une fuite en avant, sans savoir ce que cela donnera...

Mais finalement, combien d'utopies faudra-t-il à l'humanité pour se rendre compte que nombre de solutions ne se trouve peut-être pas à l'extérieur de nous-même. Si la réalité est à l'image de la caverne de Platon, un voile d'illusions, les utopies ne seraient-elle pas des illusions supplémentaire, dont l'evanescence risquerait de rendre l'humain encore plus désabusé qu'il ne l'est déjà? Ne faudrait-il pas fondamentalement, comme le dit Matthieu Ricard, commencer d'abord par se transformer soi-même, là ou on est, pour pouvoir transformer le monde ???

2 commentaires:

Bonjour et merci pour cette réflexion ! Toutes ces questions sur les utopies m'intéressent et j'ai justement découvert Auroville avant hier dans un reportage sur public sénat :
( http://www.publicsenat.fr/cms/video-a-la-demande/vod.html?idE=58180 + un débat : http://www.publicsenat.fr/cms/video-a-la-demande/vod.html?idE=59824). Votre conclusion est très interessante: L’utopie comme une « illusion supplémentaire, dont l'evanescence risquerait de rendre l'humain encore plus désabusé qu'il ne l'est déjà. » (… ) « commencer d'abord par se transformer soi-même, là ou on est, pour pouvoir transformer le monde » est sans doute une clef. Merci.
Lisa
Merci à vous, ça me va droit au coeur. Si la nation d'utopie vous intéresse, vous pouvez lire "sur la route des utopies" de Christophe Cousin aux éditions arthaud, ou il relate ses pénégrinations dans les utopies de la planète
benoit
source




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